Le 21 mai, nous voterons sur la nouvelle Stratégie énergétique de la Confédération (SE2050), suite à un référendum de l’UDC. À n’en point douter, cet objet est, avec la réforme de la Prévoyance 2020, le plus important de la législature fédérale 2015-2019. Pour concrétiser la SE2050, le Parlement, après de très longues discussions, a procédé à une révision totale de la loi sur l’énergie et prévu de nombreuses mesures. Sur certains points, le paquet été renforcé par rapport à la proposition du Conseil fédéral ; sur d’autres, il a été affaibli. Il a fallu faire des compromis, dans une logique constructive, et le groupe socialiste a soutenu le projet sans réserve.

Interdiction des centrales nucléaires

La SE2050 interdit la construction de toute nouvelle centrale nucléaire. Avec la révision de la loi sur l’énergie nucléaire, les cinq réacteurs existants continueront à fonctionner tant qu’ils seront jugés sûrs par l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire. Il convient de relever que ces centrales ne sont ni rentables, ni concurrentielles et que leur maintien en conformité est très coûteux. Celle de Mühleberg sera d’ailleurs débranchée en 2019 déjà, pour des raisons économiques. Nous aurions certes préféré fixer une date butoir, mais c’est la logique économique qui se chargera de mettre fin au nucléaire en Suisse.

Production d’énergies renouvelables

Le nucléaire représente actuellement un tiers de notre production d’électricité. Comment compenser sa disparition ? Provisoirement, notre pays, qui est à la fois producteur, exportateur mais aussi importateur d’électricité, restera dépendant de ses voisins. Mais la SE2050 veut accroître progressivement la production indigène d’énergies renouvelables : hydraulique, éolien, solaire, biomasse, géothermie…

Si l’hydraulique représente près de 60 % du courant indigène, les autres sources renouvelables y participent aujourd’hui pour environ 4,5 %. Il est donc indispensable de les encourager temporairement, au moyen d’un fonds qui sera alimenté par un supplément d’au maximum 0,8 centime/kWh. Ainsi, une grande partie des 40 000 projets en attente pour la rétribution du courant injecté à prix coûtant, la fameuse RPC, pourront se réaliser. La production électrique escomptée correspond à celle des centrales de Beznau I et II.

De plus, le système d’acheminement sera réorganisé ; l’énergie issue de l’hydraulique pourra être transportée avec un impact environnemental réduit.

Efficacité énergétique

La SE2050 améliorera l’efficacité énergétique. Le programme Bâtiments, qui arrive à échéance fin 2019, sera reconduit. Les propriétaires qui procèdent à un assainissement énergétique pourront donc toujours demander un soutien financier.

Le renforcement continu des prescriptions techniques permettra de réduire encore la consommation d’énergie des transports et des appareils électriques. (Ce travail a commencé : alors que le nombre d’appareils a augmenté de 46 % ces 13 dernières années, leur consommation totale a diminué de près de 6 %.) En parallèle, dans les cinq prochaines années, les importateurs automobiles devront réduire les émissions de CO2 des nouvelles voitures de tourisme jusqu’à la valeur de 95 g CO2/km en moyenne.

Valeur ajoutée et emplois

Nous importons de l’énergie pour environ 10 milliards de francs par année. Grâce à la SE2050, et notamment au passage aux énergies renouvelables, nous réduirons notre dépendance, générerons une valeur ajoutée considérable en Suisse et permettrons de créer des milliers d’emplois dans le second œuvre de la construction et dans les professions techniques.

Cette stratégie est une chance unique pour nous et pour les générations futures. Le PSN, comme le PSS, vous appelle à voter oui.

Didier Berberat

Conseiller aux États, membre de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie

06. avr 2017