Le groupe socialiste ne peut que prendre acte du projet de budget de la commission des finances. Celui-ci est désormais teinté d’une forte couleur UDC-PLR. Aucune revendication de la gauche n’a été entendue, tant et si bien que le projet de budget tel que présenté dorénavant est l’un des pires de la décennie.

En effet, sans aucun égard pour la minorité, la majorité de la commission, après avoir refusé l’entrée en matière avec les conséquences que l’on sait, a changé son fusil d’épaule en faisant de ce budget le sien. Cette majorité a souverainement ignoré les remarques la plupart du temps justifiées du gouvernement et celles de notre groupe.

La majorité UDC-PLR a donc décidé d’attaquer frontalement l’Hôpital neuchâtelois et le CNP, les institutions spécialisées, l’Université et la fonction publique, entre autres. Ces décisions nous paraissent particulièrement irresponsables, car elles sont en contradiction flagrante avec des votes récents du Grand Conseil, approuvés de surcroît par la même majorité UDC-PLR. Pour l’HNe par exemple, alors que de nombreux députés UDC se sont abstenus ou ont refusé la modification des options stratégiques, qui permettaient les économies déjà prévues au budget, la majorité demande maintenant à cette institution des économies supplémentaires importantes alors que depuis le début de la législature, des économies de plus de 10 millions ont été réalisées et que le gouvernement a déjà annoncé vouloir les poursuivre. Dans le climat pour le moins tendu qui règne autour de la question hospitalière, ajouter de l’huile sur le feu n’est sans doute pas la meilleure stratégie pour apaiser la situation et la débloquer. Dans le même ordre d’idées, l’Université, qui s’est vu confier par notre hémicycle un mandat d’objectifs, se voit aujourd’hui privée des moyens pour le réaliser.

Le constat n’est guère plus réjouissant pour les institutions spécialisées, où les personnes connaissant des difficultés sociales ou des handicaps sont déjà accueillies dans les différentes institutions et engendrent donc les coûts budgétés par le gouvernement. Au fond, soit la majorité sait d’ores et déjà que son budget ne sera pas respecté, ce qui jettera à coup sûr le discrédit sur l’exécutif cantonal au moment des comptes, et ce précisément durant l’année des élections cantonales, soit il est peu ou prou demandé au Conseil d’Etat de renvoyer des personnes fragilisées et handicapées dans les familles démunies, voire de les rejeter dans la rue. Enfin, on prive le Conseil d’Etat des forces de travail nécessaires à la réalisation des projets, notamment de redressement, que le Grand Conseil appelle pourtant de ses vœux, et cela quasiment sans revalorisation pour une fonction publique qui est la moins bien lotie de Suisse.

Tous ces amendements sont déposés sur des rubriques générales, la majorité refusant d’assumer la responsabilité de cibler clairement les prestations à limiter.

Cette situation n’est pas acceptable. Ce canton, s’il veut rayonner, doit pouvoir travailler dans la sérénité et la continuité. Les coupes au crayon rouge, sans justification technique aucune, ne peuvent servir qu’à déstabiliser une collectivité qui a pourtant des défis importants à relever. De surcroît, en imposant sans discuter ses coupes budgétaires, la majorité UDC-PLR démontre qu’elle n’a plus l’intention de travailler au consensus. Elle choisit l’affrontement, trop tentée de mettre en difficulté un gouvernement à majorité socialiste.

Cette attitude est inexcusable, tant les jeux politico-politiciens devraient être à proscrire dans une période où toutes les forces politiques devraient contribuer constructivement au redressement du canton de Neuchâtel.

Le groupe socialiste refusera ce budget avec fermeté et tentera, partout où des majorités qualifiées sont requises, de rééquilibrer les propositions et de lutter contre la crise annoncée.

24. nov 2015