L’initiative « Pour un financement équitable des transports », dite « vache à lait : Une catastrophe pour les finances publiques !

Actuellement, sur l’ensemble des taxes, impôts et vignettes payés chaque année par les automobilistes (au sens large), près de 4 milliards sont affectés au financement direct des infrastructures routières et 1,5 milliard environ aux finances générales de la Confédération.

Les partisans de l’initiative demandent que la totalité de ces recettes soit attribuée à la route… dès juillet 2016 !

Si leur texte était accepté, la Confédération devrait donc économiser 125 millions par mois du jour au lendemain, et ceci de manière durable… C’est dire que des domaines comme la formation et la recherche, l’agriculture, l’aide au développement, le social ou l’AVS se verraient imposer des coupes drastiques, aux conséquences catastrophiques !
Les auteurs du texte, qui se recrutent surtout à l’UDC, oublient complètement que le trafic routier engendre bien d’autres coûts pour les collectivités publiques que ceux des seules infrastructures routières. Mentionnons par exemple le coût énorme des conséquences sanitaires des accidents de la route, celui de la lutte contre la pollution de l’air et ses effets sur la santé.

Ils oublient aussi que le trafic ferroviaire contribue à la fluidité du trafic routier,  en déchargeant la route d’une partie du transport des marchandises et des personnes…
Il est donc tout à fait normal et équitable que les automobilistes contribuent aussi aux énormes coûts indirects du trafic routier et qu’une partie de leurs contributions soit affectée aux finances générales de la Confédération.

De plus, il est instructif de comparer l’évolution des contributions versées par les usagers des transports publics à celle des frais des automobilistes : selon une étude réalisée par le Surveillant des prix, « La hausse du prix d’un aller-retour en transport public s’est élevée à 80 % depuis 1990. Dans le même temps, l’augmentation pour le même trajet en voiture n’a été « que » de 30 % » !

C’est dire si les adeptes du transport routier sont bien loin d’être les dindons de la farce ou les « vaches à lait » de notre système de financement des transports et de leurs coûts directs et indirects.

Au moment où le Parlement est en train de mettre en place des fonds devant permettre de financer de façon pérenne et sûre la construction et l’entretien des infrastructures ferroviaires (FAIF) et routières (FORTA), l’acceptation de l’initiative « vache à lait » viendrait remettre fondamentalement en question les difficiles équilibres qui sont en cours de construction.

Pour favoriser un financement raisonnable et réaliste de nos futures infrastructures de transports tout en maintenant des finances fédérales saines, votons clairement NON à l’initiative « vache à lait »… qui veut financer les caprices du lobby routier en mettant en péril des tâches essentielles financées par la Confédération dans l’intérêt de tous !

Jacques-André Maire
Conseiller national, membre de la Commission des transports et des télécommunications

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21. avr 2016