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Lucien Erard rend hommage à Pierre Aubert

Nous venons de perdre un des grands hommes de notre pays. Pierre Aubert, conseiller fédéral, deux fois président de la Confédération, aura marqué la politique étrangère de la Suisse. Par ses voyages sur tous les continents, par les contacts qu’il a su nouer avec ses partenaires ministres des Affaires étrangères et avec les chefs d’Etat rencontrés durant ses années de présidence, il a donné une nouvelle dimension à la politique de neutralité, de solidarité et de disponibilité de la Suisse.

Pierre Aubert était un homme de cœur, confiant et ouvert, et c’est ce que ses interlocuteurs appréciaient particulièrement. C’est ce qui explique les liens de véritable amitié noués avec François Mitterrand, venu en visite officielle à Berne mais revenu à Auvernier, pour le plaisir, chez un Pierre Aubert qui n’était pourtant plus le Président de la Confédération.

Le courage était un autre atout de notre compatriote : courage d’augmenter massivement les crédits de l’aide au développement, courage de se rendre dans des pays lointains malgré les critiques du Parlement, courage enfin de défendre ses idées – des idées de gauche – malgré les pressions de ses collègues et de la presse.

Du courage, il en fallait aussi pour enfin bloquer les fonds déposés par le président Marcos dans nos banques, pour aussi – ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé – soumettre au peuple l’adhésion à l’ONU. Il s’est battu, sans succès, pour faire ratifier la charte sociale européenne.

Ses contacts avec le Parti socialiste suisse n’ont pas toujours été sans nuage. Mais il a su s’engager lorsqu’il le fallait, notamment lorsqu’il a été envisagé de quitter le Conseil fédéral après l’élection d’Otto Stich.

Pierre Aubert, qui s’était battu pour préserver les crêtes de notre canton, n’a pas oublié son coin de pays. C’est notamment à lui qu’on doit l’Office fédéral de statistique mais aussi le maintien du CSEM à Neuchâtel.

Lucien Erard

09. juin 2016