En juillet 2014, l’Union suisse des paysans (USP) a déposé une initiative populaire qui avait pour but de favoriser la production agricole indigène en luttant contre la diminution des terres agricoles et en garantissant une sécurité juridique pour les agriculteurs. Toutefois, ces revendications sont dans une large mesure déjà présentes dans notre Constitution. En outre, la formulation extrêmement vague du texte n’aurait pu conduire qu’à de l’instabilité et à des incertitudes pour le monde agricole helvétique.


Au vu de ces faiblesses mais aussi de l’importance du thème de la sécurité alimentaire – et de sa popularité auprès de la population –, le Parlement a décidé de lui opposer un contre-projet direct. Celui-ci se base toujours sur l’idée de préservation des terres agricoles, mais y greffe les principes d’une utilisation adéquate des ressources et d’une production adaptée aux conditions locales. De plus, la définition de la sécurité alimentaire ne se borne plus à la seule agriculture indigène mais prend les importations et le secteur agroalimentaire en compte. Satisfaite du texte, l’USP a choisi de retirer son initiative.

Ce contre-projet, largement déclaratif et quelque peu redondant avec les bases légales actuelles, ne constitue pas une révolution. Néanmoins, il a le mérite de traiter le thème de la sécurité alimentaire dans une perspective globale. De même, il ancre dans la Constitution l’importance d’un usage durable des ressources et d’une production agricole indigène pérenne et adaptée aux spécificités de chaque région. Ce nouvel article, plus précis que l’initiative, a recueilli un large consensus au Parlement.

Notre approvisionnement alimentaire est une question brûlante – en témoignent les deux autres initiatives lancées par les Verts et Uniterre sur la question. En effet, l’agriculture apporte une plus-value non négligeable pour notre pays, tant d’un point de vue économique ou environnemental que pour l’aménagement du territoire. La préservation de nos surfaces agricoles est donc cruciale, car elle permet une alimentation locale et écologique. De surcroit, nos agriculteurs doivent pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions, sans pressions excessives pour plus de rentabilité. Le contre-projet à l’initiative pour la sécurité alimentaire est donc un pas dans la bonne direction, même si beaucoup reste à faire pour répondre aux multiples défis auxquels notre agriculture est confrontée.

Tristan Robert, secrétaire général JSN

18. juin 2017