Alors que l’on entend un peu tout et n’importe quoi à propos de l’initiative soumise au peuple le 4 mars 2018, il convient de rappeler ce que demande l’initiative :

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Oui à la suppression des redevances radio et télévision (suppression des redevances Billag)

Art. 93 de la Constitution

3 La Confédération met régulièrement aux enchères des concessions de radio et de télévision.

4 Elle ne subventionne aucune chaîne de radio ou de télévision. Elle peut payer la diffusion de communiqués officiels urgents.

5 Aucune redevance de réception ne peut être prélevée par la Confédération ou par un tiers mandaté par elle.

6 En temps de paix, la Confédération n’exploite pas ses propres chaînes de radio ou de télévision.

Disposition transitoire : Si le peuple et les cantons acceptent l’art. 93, al. 3 à 6, après le 1er janvier 2018, les dispositions d’exécution nécessaires entrent en vigueur le 1er janvier de l’année qui suit celle de la votation.

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L’initiative veut donc supprimer toute redevance radio-TV et empêcher tout financement public fédéral des médias audiovisuels !

Aujourd’hui, 95 % des recettes de la redevance radio-TV sont destinés à la SSR et couvrent les trois quarts de son budget (la publicité couvre le quart restant). Les autres 5 % sont versés aux 34 radios et TV régionales au bénéfice d’une concession.

Si, par malheur, l’initiative passe, les dégâts seront considérables :

  • Les annonceurs vont se retirer progressivement des médias soutenus par la redevance
  • Les collaborateurs vont être progressivement licenciés

À ce propos, on dénombre 13 500 emplois liés à la redevance au niveau suisse, dont 4000 en Suisse romande !

L’acceptation de l’initiative provoquerait un véritable « grounding » car sans la redevance, la SSR et les radios et TV régionales seraient condamnées à une mort certaine et très rapide !

Les initiants prétendent qu’ils ne veulent pas tuer les médias existants mais donner la liberté aux gens de « ne payer que pour ce qu’ils consomment »…

Vu la taille de notre pays et de nos régions de diffusion, tous les spécialistes s’accordent à dire que pour que les chaînes existantes puissent vivre avec un système d’abonnements, le prix de ceux-ci devrait être très élevé. S’il fallait s’abonner pour avoir l’équivalent des offres actuelles de la SSR et des chaînes régionales, cela coûterait beaucoup plus cher que la redevance, fixée à 1 franc par jour à partir du 1er janvier 2019.

Si l’initiative est acceptée, les grands groupes de médias étrangers feront tout pour obtenir des concessions, mises aux enchères. Nous serions envahis de chaînes privées diffusant des émissions commerciales de divertissement, des retransmissions sportives ou des films entrecoupés de spots publicitaires ! Mais ces chaînes ne feraient aucun cas des manifestations de notre culture régionale ou des informations de proximité, très bien couvertes actuellement par la SSR, les radios et les TV régionales.

Qu’en est-il des médias actuels ?

  • 94 % de la population romande de 15 ans et plus regardent ou écoutent habituellement la RTS (radio, tv ou internet)
  • 75 % des automobilistes et 88 % des Suisses écoutent la radio chaque jour

Par ailleurs, les radios et TV soutenues par la redevance garantissent l’expression et la confrontation des diverses opinions, ce qui essentiel pour que les citoyens puissent se forger librement une opinion et se prononcer en connaissance de cause lors de nos nombreuses votations.

Enfin, la SSR soutient, finance et diffuse de très nombreuses productions musicales et cinématographiques dans les différentes régions linguistiques. Ces aides aux artistes et à la culture suisses disparaîtraient au profit de produits commerciaux de moindre qualité.

No Billag, ce n’est pas une économie de Fr. 365 pour les ménages… mais la porte grande ouverte à des chaînes privées aux abonnements bien plus coûteux. Sous prétexte d’une fausse économie, No Billag provoquerait un énorme gâchis dans le monde des médias. Il faut absolument éviter une telle catastrophe en votant clairement NON le 4 mars !

Jacques-André Maire

Conseiller national

14. jan 2018