Prévoyance vieillesse 2020 (PV 2020) est un compromis qui inclut un élément particulièrement douloureux : le relèvement de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Or l’inégalité salariale au détriment des femmes est encore d’environ 19 %. Cependant, refuser PV 2020 ne changerait rien à cette situation scandaleuse, contre laquelle nous luttons depuis longtemps et que nous continuerons à combattre. Malgré ce point négatif, le groupe socialiste des Chambres fédérales a soutenu le projet résolument, car il comporte des avancées sociales appréciables et, condition indispensable, il préserve le niveau des rentes. PV 2020 renforce le 1er pilier (AVS) par rapport au 2e (LPP, prévoyance professionnelle). Cela s’inscrit parfaitement dans la ligne du PS, car l’AVS est beaucoup plus sociale et son financement est solidaire, avec des cotisations non plafonnées.


Renforcer l’AVS est fondamental, notamment pour les femmes. Voici quelques chiffres : l’AVS représente 65 % du revenu global des rentières, 42 % de celui des rentiers. C’est la seule ressource de 4 retraitées sur 10. Les femmes touchent plus de la moitié des rentes AVS, alors qu’elles versent environ un tiers des cotisations. Les rentes LPP des hommes sont, en moyenne, de 63 % supérieures à celles des femmes ! Si l’on veut comprendre ces écarts, il faut constater que les femmes sont 60 % à travailler à temps partiel, qu’elles occupent deux tiers des postes payés moins de CHF 4000 par mois et que la moitié d’entre elles gagnent moins de CHF 55 000 par an.

PV 2020 renforcera la couverture LPP des personnes à bas revenu et à temps partiel. La catégorie de salaires concernée (CHF 21 500-55 000) compte deux tiers de femmes. La baisse du taux de conversion LPP de 6,8 % à 6 % est liée aux marchés financiers et à la démographie. Pour la compenser, le projet prévoit la première augmentation des nouvelles rentes AVS depuis 42 ans : CHF 840 par an au minimum, entre CHF 1680 et CHF 2712 pour les couples. Cela profitera en particulier aux 500 000 femmes actives assurées uniquement dans l’AVS. 

En outre, la flexibilisation de la retraite sera enfin concrétisée et permettra de percevoir une partie de la rente tout en exerçant une activité à temps partiel. Les personnes ayant un revenu annuel jusqu’à CHF 39 000 pourront anticiper leur retraite d’un an sans perte de rente.

Le financement prévu inclut une hausse de 0,6 point de pourcentage de la TVA, dont 0,3 point prélevé prélevé actuellement pour l’AI, et une hausse de 0,3 point des cotisations AVS, dont la moitié à charge des employeurs.

Il faut relever que nous nous sommes opposés avec succès à l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans et à la suppression de l’indexation des rentes ; nous avons aussi réussi à préserver les rentes des enfants et des veuves.

Il n’y a pas de plan B ! La droite s’est opposée vivement à PV 2020, parce qu’elle veut favoriser le 2e pilier et affaiblir l’AVS. En cas de refus, la situation financière de l’AVS, déjà inquiétante, se péjorera. La majorité de droite du Parlement proposera alors de nouveaux durcissements tels que la retraite des femmes à 65 ans puis pour tous à 67 ans, la fin de l’indexation, la suppression des rentes de veuves, la baisse des rentes d’enfants, une baisse encore plus massive du taux de conversion, une hausse massive des cotisations LPP. Certaines de ces mesures toucheraient les personnes déjà retraitées, qui sont donc aussi concernées.
Comme les 75 % de socialistes neuchâtelois-es qui ont dit oui à la réforme lors du vote général du PSS, je vous demande de voter oui le 24 septembre.

 

Didier Berberat
conseiller aux Etats

30. juin 2017