Le 27 mars dernier, peu avant les élections cantonales, la droite du Grand Conseil, alors majoritaire, a décidé de modifier les lois faisant référence à la CCT Santé 21 pour lui substituer deux CCT, l’une pour le personnel soignant, l’autre pour le personnel non soignant, dans un but affiché de réaliser des économies. Ni l’étude de l’IDHEAP démontrant que la CCT Santé 21 n’est pas plus chère qu’une autre, ni l’incohérence d’une séparation entre soignants et non-soignants n’ont eu raison d’une position dogmatique consistant à vouloir, par tous les moyens, détruire cette CCT. Il faut donc que la population neuchâteloise affirme sans appel qu’elle veut des conditions de travail dignes dans les institutions de santé en votant 2 x NON le 26 novembre

Il est certaines décisions politiques particulièrement difficiles à accepter, car elles sont non seulement injustes, antisociales et dangereuses, mais aussi irrationnelles. Tel est le cas de la décision de modifier les lois sur le CNP, l’HNE et NOMAD, mais aussi la loi sur le financement des EMS. En effet, lors de la législature 2013-2017, une ritournelle aux accents de reprise en canon se faisait entendre sur les bancs de la droite au Grand Conseil : la CCT Santé 21 impliquerait un surcoût pour les finances publiques de 30 millions et, partant, il faudrait absolument combler ce trou béant et cesser d’offrir des conditions de travail mirobolantes aux employés du secteur de la santé, en détruisant – donc – cette fameuse CCT. 

La gauche n’a pas fait la sourde oreille à cette rengaine. En effet, le Grand Conseil a demandé au Conseil d’État une étude objective sur les niveaux de rémunération mais aussi sur les autres « avantages » de la CCT Santé 21. Tout l’hémicycle voulait en avoir le cœur net. Il voulait dépasser la discussion de café du commerce et avoir des chiffres. Le résultat obtenu est sans appel : la CCT Santé 21 n’est pas plus chère que ses sœurs des cantons qui nous entourent. 
Dans ces circonstances, me direz-vous, il aurait été logique que les projets de loi visant à fragiliser voire supprimer cette CCT tant honnie soient purement retirés. Que nenni ! Faisant fi de l’étude commandée à l’Institut de hautes études en administration publique (à laquelle on a subitement trouvé de graves manquements), la majorité de l’époque a décidé de remplacer toute référence à la CCT actuelle par un renvoi à une double CCT séparant – on ne sait pas très bien en vertu de quel principe – le personnel soignant et le personnel non soignant. 

Cette décision a créé un grave précédent : celui de s’immiscer dans les négociations entre partenaires sociaux. En effet, le Parlement doit voter le cadre mais il doit impérativement s’abstenir de modifier les lois pour obliger syndicats et employeurs à choisir une direction qu’ils ne veulent pas prendre. On en tient pour preuve que le référendum contre cette décision a été soutenu non seulement par les syndicats, mais aussi par l’Association neuchâteloise des établissements et maisons pour personnes âgées (ANEMPA), qui regroupe les employeurs de ce secteur. 

Le 26 novembre, grâce aux référendums lancés par la gauche et les syndicats, nous avons la possibilité de dire sans détour NON à cette façon de faire de la politique qui substitue des rumeurs aux faits, qui s’arroge les droits des partenaires sociaux et qui, au final, nuira forcément à la qualité des soins puisqu’un employé pressuré de toute part ne saurait fournir une prestation digne des personnes fragilisées par l’âge ou la maladie. 

 

25. sep 2017