La Suisse est un pays libéral. Trop libéral. Sa législation permet de licencier sans motif. La seule sanction à laquelle s’expose l’employeur est une pénalité de six mois de salaire à verser à l’employé injustement congédié. Ce constat s’aggrave encore pour les travailleurs plus âgés, souvent concernés car coûtant plus cher.
D’autres systèmes, viables, existent. Il est imaginable de prévoir la réintégration si le motif de licenciement n’est pas admissible. Il est imaginable de prévoir des sanctions pénales pour licenciement abusif. Il est souhaitable de mieux protéger les travailleurs ayant atteint 50 ans afin qu’ils ne soient pas les victimes immédiates d’une conjoncture défavorable. Mais la Suisse préfère ne pas légiférer et pense que la main invisible chère à Adam Smith palliera les erreurs.
Or, rien n’est plus faux car la protection des travailleurs ne tombe jamais du ciel, alors que des solutions, et même consensuelles, sont possibles. Il faut faciliter l’application de conventions collectives de travail à force obligatoire, en simplifiant les critères de mise en œuvre pour les cantons. Il faut régler, branche par branche, un salaire minimum. Il faut déployer des outils spécifiques pour protéger celles et ceux que leur âge rend particulièrement vulnérables.
Renforcer la protection contre les licenciements abusifs, ce n’est pas s’opposer au monde économique, mais corriger l’arbitraire de certains patrons ! Seule cette voie permettra à la Suisse de maintenir la paix du travail.