Comme on le sait, je suis engagé depuis fort longtemps en politique fédérale. Plus grand-chose ne m’étonne dans l’attitude de la droite la plus dure de notre Parlement et des groupes de pression qui y sont liés.
Cependant, il me paraît que nous assistons progressivement à une forte détérioration du principe de la bonne foi et de l’objectivité, notamment lors des campagnes de votations.
S’il est normal que partisans et opposants s’affrontent à coups d’arguments, ce qui est l’essence même du débat démocratique, on constate que ceux-ci, chez la droite et les lobbies, deviennent de plus en plus populistes, outranciers et mensongers.
Prenons à titre d’exemples deux objets mis en votation le
14 juin, la redevance radio-tv et l’impôt sur les successions.
Dans le premier cas, l’UDC, son satellite l’USAM et le PLR ont largement menti et abusé la population en affirmant d’abord que toutes les entreprises payeraient la redevance, alors qu’un plancher de CHF 500 000 de chiffre d’affaires était prévu. De plus, ils ont parlé d’une redevance à CHF 1000, assénant ce chiffre dans leur campagne, financée à coup de millions. Pourquoi pas 2000 tant qu’à y être ! Ce chiffre ne reposait sur rien (les opposants, en privé, l’admettaient) alors qu’il était prouvé que la redevance baisserait d’environ CHF 60 par année pour les ménages !
Heureusement, une très courte majorité du peuple suisse a accepté cette modification de loi, malgré le matraquage publicitaire des opposants.
La même dérive a été constatée à propos de l’initiative pour un impôt sur les successions destiné à financer l’AVS, lancée par le Parti évangélique. Certains pouvaient estimer que l’initiative allait trop loin, ce qui est leur droit le plus strict. Cependant, ils ont utilisé des arguments fallacieux.
En effet, si le texte prévoyait que l’impôt était prélevé après déduction d’une franchise de deux millions de francs, il laissait au Parlement le soin de fixer la franchise applicable pour la transmission d’une entreprise par héritage. Les initiants ont précisé qu’un seuil de cinquante millions leur paraîtrait équitable.
Malgré cette garantie, les opposants, malheureusement largement majoritaires tant au Conseil fédéral qu’au Parlement et qui auraient donc eu une grande latitude pour fixer la franchise, ont joué sur la peur de la population de créer des problèmes à l’économie. Avec une absolue mauvaise foi dont ils étaient parfaitement conscients, ils ont continuellement évoqué la somme de deux millions à propos de la succession d’entreprises.
Face à ce matraquage, le Conseil fédéral, dans sa brochure d’explications, tente d’être objectif – c’est d’ailleurs son devoir. Par contre, les médias, que l’on pourrait s’attendre à voir jouer un rôle d’arbitre, sont trop peu incisifs pour analyser et dénoncer ces dérives.
Jusqu’ici, toutes les tentatives pour instaurer plus d’objectivité et de transparence dans le financement des campagnes de votations ont été rejetées par la droite. Nous aurons du pain sur la planche lors de la prochaine législature !
Le Point n°305
De la bonne foi et de l’objectivité en politique
La campagne est riche de thèmes imposés. Imposés par l’actualité, les médias mais aussi la réalité du terrain, bien sûr. C’est pourquoi nous avons choisi d’offrir aux candidat-e-s un espace hors des contraintes habituelles. Voici leurs contributions.
21. juin 2015