Une page blanche, un libre choix de thème et le soleil qui s’invite chez moi. De quoi laisser mes pensées vagabonder et saisir au vol quelques réflexions à partager avec vous. Je choisis de ne pas étayer un thème précis au profit de considérations plus générales, en alternant à dessein le « je » et le « nous ».
Voilà quelques années que la politique occupe une place importante dans ma vie. Qu’il s’agisse de mon mandat de conseillère communale ou de celui de députée au Grand Conseil, ces engagements tendent à être la traduction par les actes de mes convictions. Une intention plus qu’une affirmation car la prudence et la modestie s’imposent, même en politique.
À l’épreuve des majorités contraires, les convictions, si solides soient-elles, sont parfois malmenées. J’en veux pour preuve quelques exemples vécus au Grand Conseil : les débats difficiles sur les budgets 2014 et 2015, la bataille contre la motion exigeant un programme d’assainissement financier de 160 millions de francs, le refus de notre postulat visant à revoir le rythme de recapitalisation de prévoyance.ne ou le rejet de celui demandant un engagement plus actif dans le domaine de la santé mentale et de l’emploi.
Mais nous avons aussi vécu de beaux moments : l’acceptation de la loi cantonale pour un salaire minimum, l’adoption de la révision de la loi sur l’accueil de l’enfance, l’acceptation de notre postulat préconisant d’instaurer un congé paternité de 10 jours dans l’administration ou celle de la motion populaire de Forum Handicap Neuchâtel demandant de mettre en œuvre une vraie politique d’égalité à l’égard des personnes en situation de handicap.
S’il est assez facile d’expliquer les échecs ou les débats difficiles par la configuration politique du Grand Conseil, reconnaissons que les succès sont le résultat d’une alchimie plus subtile. Ils sont bien entendu le fruit de notre engagement et de notre détermination à fixer notre « ligne rouge ». Ils représentent aussi l’espace que nous avons ouvert à la négociation pour la recherche d’un compromis ou d’un consensus. Car sans espace d’ouverture, aucune chance de « traverser », comme le dit facilement l’un de nos conseillers d’État.
J’ai pris la mesure de l’importance des stratégies et de la négociation dans la construction des décisions politiques. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on parle souvent de « jeu politique ». Mais ce jeu, si grisant puisse-t-il être par moments, ne doit jamais nous faire oublier que nos décisions ont des conséquences pour les hommes, les femmes, les enfants de notre village, de notre canton, de notre pays. Quand je m’exprime au sein du groupe ou à la tribune du Grand Conseil et quand je vote, c’est d’abord et avant tout à l’humain, et plus particulièrement à celui qui est le moins équipé pour se défendre tout seul, que je pense. Et si je dois renoncer à l’idéal, je me battrai jusqu’au bout pour le possible, à Bevaix, dans le canton de Neuchâtel ou à Berne sous la coupole fédérale.
Le Point n°305
La politique avec et pour l’humain
La campagne est riche de thèmes imposés. Imposés par l’actualité, les médias mais aussi la réalité du terrain, bien sûr. C’est pourquoi nous avons choisi d’offrir aux candidat-e-s un espace hors des contraintes habituelles. Voici leurs contributions.
16. juin 2015