À la surprise générale, le 15 janvier 2015, la Banque nationale suisse a décidé d’abolir le taux plancher de CHF 1.20 pour € 1, provoquant un renforcement immédiat du franc suisse, proche de la parité avec l’euro.

Cette décision a fait couler beaucoup d’encre pour annoncer des conséquences catastrophiques sur l’économie, notamment l’industrie d’exportation et le tourisme. Il est en revanche bien plus rare de se demander à qui profite le franc fort.

Les premiers grands bénéficiaires de cette situation sont sans conteste les spéculateurs qui effectuent des opérations de change massives et rapides. Pour lutter contre ce phénomène, le PS préconise l’introduction d’une taxe sur les transactions boursières.

D’autre part, les importateurs et distributeurs de produits européens en Suisse ne répercutent que partiellement leurs gains de change sur les prix à la consommation, sous prétexte du pouvoir d’achat élevé du consommateur suisse moyen pour les produits importés ou achetés à l’étranger. Comme ces importateurs et distributeurs entretiennent souvent des liens de nature cartellaire, il conviendrait de réviser la loi sur les cartels. Seulement voilà… un projet, pourtant très modéré, a été refusé fin 2014 par la majorité du Parlement.

Lorsque les gains de change sont effectivement répercutés sur les prix, les consommateurs suisses en profitent, comme d’ailleurs lorsqu’ils passent des vacances dans les pays de la zone euro. 

Les concurrents européens de nos entreprises exportatrices bénéficient aussi de cette situation. De même que les commerces situés juste de l’autre côté de la frontière, qui connaissent une forte augmentation des achats effectués par des résidents suisses.

Quant aux travailleurs frontaliers, certaines entreprises ont rapidement manifesté des velléités de leur verser leur salaire en euros. Ce qui serait non seulement illégal, mais triplement injuste. D’abord, ils effectuent le même travail qu’auparavant. Ensuite, ils seraient discriminés par rapport aux collègues établis en Suisse qui effectuent le même travail. Enfin, il est peu probable que ces entreprises effectueraient la démarche inverse si la valeur de l’euro venait à remonter. C’est pourquoi le PS et les syndicats se battent pour maintenir l’interdiction de verser des salaires en euros pour un travail réalisé en Suisse.

Pour finir sur une note positive, même si à court terme la situation est difficile dans certains secteurs, une devise forte oblige l’industrie à innover pour rester compétitive !

 

08. sep 2015